Collectif havrais d'Objecteurs de Croissance (ChOC)
Une croissance illimitée dans un monde limité est une absurdité


Chronique d’un délégué du personnel objecteur de croissance....
Chronique d’un délégué du personnel objecteur de croissance.
Octobre 2011.

Mais pourquoi suis-je dans un syndicat de travailleurs ? J'ai beau chercher je ne trouve aucun point de convergence avec un syndicat de travailleurs et un objecteur de croissance séduit par l'anarchisme. Le syndicalisme actuel, c'est le travail et les travailleurs. Donc sans aucune gêne, les syndicats soutiennent :

- les C.R.S. en grève qui matraqueront le lendemain d'autres travailleurs en lutte ( http://www.cgt.fr/L-action- syndicale-demontre-son.html )

- les matons qui surveilleront les militants gênants ( http://ulcgtlehavre. hautetfort.com/archive/2011/ 09/23/le-centre-penitencier- du-havre-en-greve-soutien-aux- camarade.html )

- les pollueurs qui sacrifient les générations présentes et à venir pour des milliers d'années (âme sensible s'abstenir : http://www.fnme-cgt.fr/ dossier_actu/100121_politique_ energetique/ )

Quant à leur point de vue sur le travail, il suffit de retenir qu'au lendemain des événements de mai 1968, la C. G. T.  retirait «l'abolition du salariat» des objectifs qui figuraient dans ses statuts depuis le début du XX e siècle.

Et si cela ne suffisait pas à démontrer qu'être syndicaliste et objecteur de croissance, c'est vraiment contradictoire, je rajoute que pour exercer mon mandat j'ai déjà parcouru plus de 10 000 kM en voiture cette année. Alors forcément, je doute, je m'interroge : pourquoi suis-je syndiqué ?

Ma dernière formation économique, sociale et syndicale a répondu partiellement à cette question. Pourtant, je m'y suis rendu très en colère car la formation avait lieu à Cannes et l'on nous proposait la visite d'une parfumerie «shopping» au milieu de la formation.

Mais sur place, j'ai découvert que je n'étais pas le seul surpris du lieu de la formation. Si une ville devait illustrer le capitalisme, c'est bien Cannes, alors que faisions-nous ici ? J'ai été heureux de n'être pas seul à réagir. En fait, en amont, il y avait eu beaucoup de débats à ce sujet au sein de la confédération. Cannes a été retenue mais vraiment pas à l'unanimité...

Quant à la journée «shopping», je suis très fier de ma section car nous sommes tous restés pour bosser et discuter ensemble et il y a d'autres sections qui ont fait de même.

Il y a eu aussi une sacrée surprise : la compagnie anarchiste Jolie Môme a été invitée pour animer deux soirée. Pourtant cela fait belle lurette que C.G.T. et anarchistes ne sont plus amis. Cependant les idées évoquées par le groupe, bien loin du syndicalisme actuel, étaient plébiscitées. C'est un signe fort, certaines personnes à la tête de ma fédération C.G.T. bureaux d'études doivent en avoir marre de la politique d'accompagnement des réformes, ils veulent certainement revenir à un syndicalisme d'oppositions. Profitons, objecteurs de croissance, de ce réveil militant, pour proposer au sein de nos syndicats un nouveau type de revendications en s'aidant des réflexions d'André Gorz :

?"[...] le syndicat de travailleurs est une forme périmée du syndicalisme, parce qu'il organise et regroupe uniquement les gens qui ont un travail régulier et rémunéré. Et, si le syndicalisme doit jouer un rôle comparable à celui qu'il a joué dans le passé, il faut qu'il cesse de se considérer comme un syndicat de travailleurs et qu'il se transforme en syndicat de citoyens. C'est-à-dire qu'il ait pour objet non pas de défendre l'intérêt des gens en tant que vendeurs de leur travail, mais de défendre leur intérêt en tant que citoyens et en tant que personnes intégrées à la société. " (Entretien complet : http://www.lesperipheriques. org/article.php3?id_article= 534 )

Retenons aussi : la formation a été très festive, je me suis enrichi et bien amusé. La convivialité est très importante pour la construction de la Décroissance. Alors je dois dire haut et fort : la C.G.T. maîtrise très bien le sujet. Nous avons là un savoir-faire à partager.

Toutes les chroniques : http://decroissance.lehavre. free.fr/chronique_delegue_oc. html
Des questions ? Envie de discuter : Un courriel : Les_escargots_cauchois@riseup. net

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Chronique d’un délégué du personnel objecteur de croissance.
Juin 2011.

Un lundi de juin, nous étions en grève avec une participation très hétéroclite : CGT, CFDT, non syndiqués. Cette grève est une vraie réussite, pas grâce au nombre de participants, mais par son mode de fonctionnement : l’auto-gestion.

Au mois d’avril, malgré un ras-le-bol suite à une dégradation générale des conditions de travail, salariales et des négociations annuelles obligatoires (N.A.O.) ridicules, le syndicat majoritaire n’appelait pas à faire grève pour ne pas affaiblir l’entreprise dans ces temps difficiles. Après avoir insisté fortement, un seul syndicat minoritaire a fini par entendre la voix de ses syndiqués et des salariés. Il a donc déclenché un préavis de grève d’une journée fin juin pour l’amélioration des N.A.O.

Une journée de grève, à une semaine des vacances d’été, pour contester une négociation annuelle obligatoire qui avait eu lieu 2 mois avant, est-ce bien raisonnable ? Peut-on espérer une amélioration de nos conditions de travail, en une journée de grève ? Non. C’est pourquoi nous avons décidé avec quelques camarades d’aller plus loin que les revendications du préavis de grève et de promouvoir l’idée d’auto-gestion.

- Nous avons été à la rencontre de tous les copains de travail pour dresser une liste de revendications collectives et annoncer que la grève serait sans étiquette syndicale.

- Nous avons rappelé que le droit de grève n'est pas réservé aux syndicats : tous les salariés dans le privé peuvent appeler à faire grève sans aucun préavis. (Nous avons constaté que ce droit n'est pas du tout connu). Même si le syndicat annulait le préavis, nous ferons grève au Havre.

- Nous avons, avec la liste de revendications récoltées auprès des salariés, créé un tract appelant à une réunion de préparation d’actions directes et d’initiatives non violentes lors du mouvement de grève.

Les actions suivantes ont été décidées collectivement lors de la réunion :

- S’habiller en noir

- Mettre des pancartes vierges avec des feutres à l’entrée de l’entreprise pour que tout le monde puisse y inscrire ses revendications

- Faire une haie de déshonneur à l’entrée et à la sortie de nos responsables

- Faire un déjeuner collectif grévistes et non grévistes pour échanger nos points de vues

- Créer un article de presse

Il faut noter que lors de cette réunion, des délégués de l’organisation syndicale CFDT étaient présents pour participer activement aux actions malgré une grosse pression de leur centrale pour ne pas faire grève, plus exactement pour ne pas nuire aux résultats économiques de notre entreprise.

Toutes cette préparation a abouti à une manifestions réussie avec 25% de participants (20 individus). En plus des initiatives prévues, les actions individuelles suivantes ont eu lieu :

- Distribution de café ou thé chaud et gâteaux

- Des croix avec le message suivant ont été plantées : «Ici est morte la motivation»

- Deux S.D.F. ont fait la manche à la sortie de l’entreprise

C’est bien une preuve que l’idée d’auto-gestion fait son chemin, on n’attend plus les idées et l’approbation du syndicat pour agir.

Nous avons aussi quelques loupés :

- La haie de déshonneur n’a pu avoir lieu car les représentants de la direction sont arrivés de très bonne heure, n’ont pas quitté l’entreprise pour déjeuner et ont dû partir tardivement. Bref, nous ne les avons pas vu. Nous apprécions leur courage et leur envie d'échanger.

- Les non grévistes ne sont pas venus déjeuner avec nous, pire, une partie s’est «échappée» par la petite porte de derrière. Sur ce point, notre discours n’a pas été entendu. Nous sommes pour un mouvement non violent, contre l’injustice et l’exploitation. Nous ne sommes pas contre nos collègues même non grévistes. Il y a un gros travail d’information à faire dans ce sens.

- Le communiqué de presse1 signé collectivement dénonce les conditions de travail et le passage de notre association d’un but culturel et social à un statut de société anonyme avec un but unique de profit. Les médias ont retenu mon nom car j’ai diffusé le communiqué. Ils ont signalé que le syndicat majoritaire n’appelait pas à faire grève alors que cela n’a rien avoir avec nos revendications. Bref notre message n’a pas été diffusé correctement. Faire un article de presse, c’était un choix du collectif. Beaucoup de personnes sont encore persuadées qu’une action non médiatisée ne sert à rien. Personnellement, je pense qu’une action médiatisée est source de plus de problèmes que d’avantages.

Une action médiatisée est systématiquement individualisée, hiérarchisée. Les journalistes veulent toujours un nom, un responsable. Ils effacent toujours le collectif au profit de l’individu. Pour notre cas, ils ont cité mon nom et m’ont attribué des paroles du collectif. Autre exemple, les actions anti-G8 sur Le Havre ont été menées avec succès grâce à la synergie de toutes les associations havraises mais les médias ont plus souvent souligné l’implication de Christian Pigeon (un des coordinateurs) que l’ensemble des associations et collectifs, cela malgré lui.

Une action médiatisée devient systématiquement un produit que devra vendre le journaliste s’il veut être rétribué. Voilà pourquoi le journaliste cherchera toujours à avoir un point de vue spectaculaire de l’information car il aura plus de chance de la vendre. Dans notre cas, le fait que le syndicat majoritaire n’appelle pas à faire grève est plus vendeur que nos revendications basiques, il faut l’avouer.

Une action médiatisée peut bloquer des négociations. La direction ne veut pas céder au yeux de tous. Je pense même qu’elle peut subir des pressions du MEDEF pour montrer l’exemple.

Une action médiatisée peut faire peur aux pouvoirs publics sur un risque éventuel d’un vrai bouleversement de notre société. Ils feront tout alors pour tuer cette action, la vider de son sens, pour qu’elle ne se propage pas.

L’information aujourd’hui, c’est toujours de la propagande. Une information neutre est utopique. Il faut vraiment sous-estimer les médias dominants pour penser pouvoir les exploiter à son propre compte. Je vous invite à lire «La fabrication du consentement», de Noam Chomsky et Edward Herman, pour vous faire votre propre idée.

Et la Décroissance dans tout cela, me direz-vous ? Et bien je suis de plus en plus persuadé que l’anarchie et les mouvements non violents doivent être la clef de voûte de la Décroissance. D’ailleurs ces deux mouvements politiques ont un premier point commun, un nom qui provoque la peur et la méfiance que les médias dominants entretiennent en permanence. Il faut se donner la peine d’aller chercher l’information ailleurs pour comprendre que l’anarchisme ce n’est pas du terrorisme, que la Décroissance ce n’est pas la nostalgie de la bougie. Ces deux mouvements sont la remise en cause de la totalité du système, ils ne s’opposent pas, ils se complètent. Donc notre grève avec des bases d’auto-gestion rentre pleinement dans ce cadre.

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Chronique d’un délégué du personnel objecteur de croissance.
Avril 2011.

Le mois d’avril m’a collé une gifle méritée. En quelques semaines, je me suis éloigné de la profession de foi du mois de novembre 2010. Je souhaitais aider les salariéEs de l’agence du Havre pour les rendre indépendants des revendications traditionnelles et leur donner envie d’un autre mode de vie et d’une autre façon de produire.

Mais voilà, j’ai une fois encore été manipulé par le système productiviste que je souhaite tant voir disparaître. J’ai accepté d’être délégué du personnel pensant de bonne foi gagner du temps et de la force dans ma démarche. Seulement maintenant comme une vingtaine de collégues, je suis délégué du personnel et CHSCT pour 7 agences (Argentan, Cherbourg, Caen, Le Havre, Rouen Nord, Rouen Sud, Evreux). Cela représente une semaine par mois dédiée à ces fonctions : les réunions de préparation, les réunions et les formations pour tenir ces responsabilités. C’est payé par mon employeur, c’est la partie sympathique de l’affaire mais en même temps, cela m’éloigne de mon agence et depuis le début de l’année, je n’ai fais aucune action qui aille dans le sens de ma profession de foi.

Les négociations annuelles obligatoires ont eu lieu au mois d’avril, c’est à ce moment que la gifle arrive. Qu’en est-il ressorti ? Rien. Le boss propose 0% d’augmentation et du boulot en plus. Et comment les délégués syndicaux tout acronymes confondus réagissent-ils ? Aucune réaction, si ce n’est un petit tract menaçant d’un éventuel arrêt de travail de quelques heures dans quelques semaines. Croyez-vous que je maudisse ces délégués syndicaux ? Et bien non, la seule personne que je maudisse c’est moi. Je pense sincèrement avoir acquis quelques connaissances en auto-gestion et actions directes non violentes que j’aurais dû partager depuis longtemps avec les salariéEs de mon agence. Nous avons à notre disposition des outils pour nous organiser (section syndicale, liste de discussions, distribution de tracts, etc.) qui sont actuellement en état d’abandon. Mais au lieu de remettre en état ces outils, je suis en balade aux quatre coins de la Normandie : bien joué patron !! Je suis démuni, je me sens impuissant. Il serait facile de rejeter la faute sur un bouc émissaire syndical mais je suis bien responsable. Je le sais : les armes que nous offre l’adversaire sont forcément chargées de balles à blanc. Je suis convaincu qu’il faut inventer de nouvelles façons de s’organiser et de se battre, qu’il faut sortir du syndicalisme traditionnel.

J’ai un ami qui me rappelait récemment que le principe du système pyramidal pourrait devenir acceptable si le sommet était la marionnette de la base et non l’inverse comme aujourd’hui. Mais pour que cela fonctionne, il faudrait que nous reprenions tous conscience que la politique comme le droit de grève sont des éléments essentiels pour qu’existe une vraie démocratie. Et dans le cadre de l’entreprise, c’est donc bien à nous salariéEs, de mettre la pression sur nos délégués pour qu’ils agissent et non l’inverse.

Pour finir la petite histoire romancée du mois :
J’étais en réunion entre copains de même étiquette syndicale. Je remettais en cause le vote électronique qui avait été mis en place avec l’accord des syndicats lors des dernières élections de l’entreprise. Mon argumentation vient essentiellement de ce livre : «Vote électronique : les boîtes noires de la démocratie - Perline, Thierry Noisette»
et j’entends cette phrase «Toi l’écolo, comment peux-tu être contre le vote électronique, car grâce à lui, on économise des hectares de forêts» et ma réponse fut :
«C’est la grande différence entre l’écologie et la Décroissance : notre priorité c’est l’humanité et une vraie démocratie, pas les petits oiseaux. Notre projet n’est pas de sacrifier notre liberté pour quelques hectares de forêts.» J’ai été applaudi et le débat s’est arrêté là.

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Chronique d’un délégué du personnel objecteur de croissance.
Mars 2011.

Droit de réponse n°1 écrit par un copain délégué syndical à l’usine FRALIB Gémenos :
[...] Sur le Boycott je ne suis pas surpris puisque déjà à l'époque du Boycott Danone on a eu ce genre de souci avec la cafétéria de Montreuil. Je vais voir avec la fédé comment on peut intervenir. [...]

Depuis, on sert toujours du LIPTON mais des affiches sur le boycott au format A0 sont aussi affichées dans la salle de restauration et cafétéria.

Droit de réponse n°2 écrit par un camarade délégué syndical dans l’entreprise où nous sommes exploités :
[...] Pour ta chronique personnel, tu écris ce que tu veux bien sur, c'est tes idées.
Mais certains trucs me paraissent excessifs. Les discussions que j'ai entendus sur la décroissance m'ont parus plus intéressantes que tu ne l'écris.... Mais bon c'est ton ressenti et je n'ai pas tous entendus. Pour être franc j'ai un peu de mal avec les "groupes" qui ont l'air de penser qu'ils ont la "solution", avec un côté "citadelle assiégée"... A cause surement de mon passé politique. On en rediscute un de ses quatres, je suis sur que nous sommes proches sur le fond
[...]

Je suis content d’apprendre que les conversations sur la Décroissance sont intéressantes mais je suis déçu de passer pour «monsieur je sais tout». J’ai à cœur de faire connaître une solution mais pas ‘la’ solution. La Décroissance propose une réflexion et des outils pour une vraie répartition des richesses et une pérennité de l’humanité que je ne trouve pas ailleurs. Sinon il existe aussi le malthusianisme, le totalitarisme, le suicide, les religions, la barbarie et beaucoup d’autres, mais non, je n’accroche pas.

Pour ce mois de mars, j’ai assisté à ma première réunion du Comité d'Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail (CHSCT) . C’est très différent des réunions de délégués du personnel dans le sens où nous avons beaucoup plus de possibilités pour s’exprimer. De plus, c’est un procès-verbal qui tient lieu de compte rendu.

Le CHSCT a pour mission générale de contribuer à la protection de la santé et de la sécurité des salariés et analyse les conditions de travail et les risques professionnels exposant les salariés de l’établissement et en particulier, les femmes enceintes.

Donc c’est du pain béni pour moi. C’est très facile de remettre en cause le mode de fonctionnement de l’entreprise. Travailler plus pour consommer plus étant générateur de stress, d’accidents et de maladies. Je vais mettre le paquet pour que mon entreprise mette en place un indicateur pour évaluer le bien-être des salariéEs en son sein. C’est bien parti pour que les autres listes syndicales me suivent car elles m’ont proposé de travailler ensemble sur les sujets du CHSCT.

Enfin pour finir, voici une preuve que les revendications des syndicats peuvent sortir du productivisme, c’est un extrait du communiqué confédéral de la CNT-87- «Sortir du nucléaire ? Le minimum syndical !» (1)

"[...]la volonté de sortir du nucléaire constitue une revendication légitime. Mais ceci ne peut se faire sans remettre en cause nos modes de vie et nos façons de produire ni sans revendiquer un autre projet de société tel que celui porté par la CNT.[...]»

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(1) http://cnt87.org/index.php?option=com_content&view=article&id=309:sortir-du-nucleaire-le-minimum-syndical-&catid=49:environnement&Itemid=63

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Chronique d’un délégué du personnel objecteur de croissance.
Fevrier 2011.

Lors de la chronique de janvier dernier, j’écrivais : «il est à noter que pour l’instant, nous travaillons ensemble toutes étiquettes syndicales confondues, mais des pressions des organismes syndicaux se font sentir pour que cette collaboration cesse, affaire à suivre...»

Et bien la rupture est consommée, bien que tous les déléguéEs du personnel confondus aient décidé d’un commun accord de travailler ensemble lors de la dernière réunion de préparation. Tout ceci s’est passé d’une façon très courtoise : lorsque les syndicats minoritaires se sont présentés à la réunion de préparation suivante, les supers déléguéEs syndicaux majoritaires descendus de leur tour d’ivoire pour l’occasion, nous ont demandé de partir avec le soutien de leurs moutons.

Je suis dans un syndicat minoritaire au sein de mon entreprise et si j’émets l’hypothèse que ce syndicat puisse y devenir majoritaire, je ne suis pas sûr que le comportement de ses représentantEs serait différent. Car le fonctionnement pyramidal de nos syndicats représentatifs est calqué sur celui de nos entreprises et cela produit donc les mêmes effets négatifs lié au pouvoir.
Cela renforce ma conviction qu’une organisation horizontale, la communication non violente et la recherche du consensus sont les seules solutions envisageables pour un vrai syndicat démocratique, proche de ses syndiqués et qui considère les minorités.
En attendant que nos syndicats évoluent et s’unissent, mon patron doit bien se marrer en voyant les instances représentatives des salariés s’entre-déchirer ainsi : imaginez donc que maintenant les questions sont déposées et signées par chaque syndicat et comme il n’y a plus de concertation, elles peuvent être redondantes.

Sinon une petite formation de 3 jours au sein du siège du syndicat qui m’a adopté, ne m’a pas rassuré d’avantage. Le bâtiment est truffé de caméras (flicage et syndicat sont visiblement bons amis ), la cafétéria et le restaurant sont sous-traités (encore un copier-coller du fonctionnement de nos entreprises) et en plus on y sert des produits Lipton alors que ce même syndicat appelle au boycott de ces produits (je ne rigole toujours pas).

Heureusement la formation fut instructive. Nous étions une vingtaine de déléguéEs du personnel et les intervenants étaient de bonne qualité. J’ai pu mesurer une fois de plus à quel point le message de la Décroissance est mal compris. J’ai eu droit à tous les clichés : le retour à la bougie, une idée de petit bourgeois, va jouer dans ta grotte et une petite nouvelle : tu nous fais chier avec les idées de Cohn Bendit... C’est hallucinant de voir à quel point les syndicalistes ont la tête dans le guidon, acclamant la déesse croissance, tout comme leur soi-disant ennemi : leur patronNE. C’est exactement comme certainNEs chrétienEs et musulmanEs, ils se déchirent alors qu’ils ont le même dieu. Aucun des deux ne remet en cause le vrai problème : la religion.

Et pourtant lorsque je posais la question suivante à notre formateur qui ne jurait que par Keynes : Que fais-tu quand tu auras bouffé toutes les matières premières ? Réponse :
Ou la technologie nous trouve une solution, ou l’on crève...

A partir de ce moment, la Décroissance cessa d’être un sujet de moquerie et est devenue un sujet de curiosité puis un espoir.

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Chronique d’un délégué du personnel objecteur de croissance.
Janvier 2011.

Pour commencer, il est à noter que pour l’instant, nous travaillons ensemble toutes étiquettes syndicales confondues, mais des pressions des organismes syndicaux se font sentir pour que cette collaboration cesse, affaire à suivre...

Ma première réunion des délégués du personnel fut assommante. Imaginez, une quinzaine de personnes (délégués du personnel) autour d’une table qui cherchent tous à communiquer en même temps. En une heure de réunion, j’ai dû comprendre une dizaine de phrases. Cela ne
semblait pas troubler le directeur de région qui était censé répondre à nos interrogations, bien au contraire, il n’allait au bout d’aucune réponse. Et de toutes façons, il ne prend pas beaucoup de risque puisque toutes les questions qui ne sont pas transmises par écrit 48H avant la réunion, n’ont pas d’obligation de réponse. D’ailleurs une réponse sur deux ne correspond pas à la question sous prétexte que celle-ci est mal formulée et nous devons donc reformuler la question pour la prochaine réunion mensuelle. Par exemple, une erreur de frappe a donné cette réponse hilarante : Question «Quels sont les coups de la maintenance informatique ?» Réponse «Nous n’avons pas eu connaissance de violence ou d’accidents liés à la maintenance informatique, veuillez préciser votre question...»

Revenons à nos moutons, dans un brouhaha assourdissant j’ai gardé le bras en l’air un bon quart d’heure en subissant les ricanements de mes camarades : « tu n’es plus à l’école, prends la parole en parlant le plus fort», avant que l’on me donne la parole. J’ai articulé dix mots
avant qu’un autre intervenant me coupe la parole pour parler de son cas.

En fréquentant le monde Décroissant et Libertaire, je ne pensais pas faire autant de progrès en communication. Mon niveau en communication non violente est pourtant assez faible mais c’était décidé, mon premier chantier de délégué Décroissant va être de proposer d’autres modes d’échanges que le hurlement.
Lors de notre rencontre suivante, j’ai expliqué mon malaise pendant la dernière réunion de délégués du personnel et à ma grande surprise : je n’étais pas seul. La plupart reconnaissaient que la réunion avait été un vrai capharnaüm. Nous avons décidé de lever la main pour prendre la parole, de ne plus se couper la parole et de ralentir le débit de parole. J’ai commencé à évoquer les signes de la communication non verbale mais c’est encore trop tôt...

Cependant nous avons bien ri avec : «Ainsi font, font, font, Les petites marionnettes, Ainsi font, font, font, Trois p'tits tours et puis s'en vont.»
Il est clair que le système actuel, basé sur l’individualisme, l’exploitation et la violence nous influence dans nos façons de nous exprimer. Il faudrait peut-être penser à rajouter un onzième chantier à la Décroissance, axé sur la communication (non violente, consensus, prise de
décision) car comment avoir une vraie démocratie si les citoyens ne savent pas communiquer pacifiquement ?

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Décembre 2010.

Porter les idées de la Décroissance au sein de son entreprise n’est pas une chose facile. Bien sûr, il y a les pauses cafés pour discuter un peu du sujet avec quelques collègues mais on est loin de toucher l’ensemble de l’entreprise. D’où cette première idée au mois de novembre : créer des rencontres en dehors du temps de travail, pour débattre d’un sujet : « Les syndicats peuvent-ils être écologistes ? (1) ». La chose n’est pas aisée car dans l’entreprise, la diffusion d’informations non professionnelles hors cadre syndical auprès des salariéEs est très réglementée pour ne pas dire interdite.

Après quelques coup de fil sous le manteau, une soirée fut organisée dans le service où je travaille (ce service est composé de quinze personnes. L’agence compte plus de cent salariés). Dix collègues sont venus. Suite à cette rencontre, l’idée principale qui a été retenue, est d’organiser une rencontre trimestrielle pour débattre de nos problèmes professionnels et idées politiques. J’en ai profité pour distribuer un tract (3) qui n’a reçu aucun commentaire...

La deuxième idée fut de me présenter aux élections professionnelles qui avaient lieu dans l’entreprise pour présenter le tract cité ci-dessus comme profession de foi à toutes les agences de la région Normandie. Début décembre, déception : le premier tour était réservé aux syndicats reconnus. Cependant la CFDT, seul syndicat à se présenter dans mon collège (cadre et technicien), me proposa un poste de délégué du personnel et insista sur le fait que j’étais accepté comme objecteur de croissance. J’ai refusé l’invitation car il était impossible pour moi d’accepter une alliance avec la CFDT par conviction personnelle. Je n’ai rien contre mes collègues CFDT mais contre leurs dirigeants.

Mi-décembre, espoir : le quorum n’étant pas atteint (moins de 50 % de votants), un deuxième tour eut lieu. Je m’apprêtais à déposer ma candidature autonome lorsque je reçus un mail d’un collègue d’une autre agence qui souhaitait créer une liste CGT. La CGT, c’est mes premiers pas dans le militantisme à l’âge de 20 ans. La nostalgie et le temps qui me pressaient (moins de 5 jours pour réfléchir) firent que j’acceptai le poste de délégué du personnel que ce syndicat me proposait comme objecteur de croissance. Pas le temps d’éditer une profession de foi en commun : c’est un tract de la CGT au niveau national qui fut utilisé à la place.

Résultat : nous avons été élus tous les deux, mon collègue en tant que titulaire et moi en tant que suppléant. Mais malheureusement pas sur les bases d’un tract Décroissant pour ma candidature.

J’ai bien pris note que le rôle du délégué du personnel n’est pas de revendiquer mais de : «Représenter le personnel auprès de l’employeur et lui faire part de toute réclamation individuelle ou collective en matière d’application de la réglementation du travail (Code du travail, convention collective, salaires, durée du travail, hygiène et sécurité…).»

Cependant, je vais pouvoir diffuser beaucoup plus facilement les idées de la Décroissance auprès des salariéEs, des syndicats et de la direction. Je serai en contact avec eux de manière autorisée et régulière. Après, si le besoin s’en fait sentir, une section syndicale CNT(2) (les anarchistes défendent les idées de la Décroissance depuis longtemps) pourrait voir le jour.

En attendant, j’ai décidé de créer cette chronique mensuelle pour susciter des envies et des débats.

@v Franck @v


(1)  http://www.alterinter.org/article2663.html

(2) http://www.cnt-f.org/ , http://www.federation-anarchiste.org/spip.php?article719

(3) Un représentant-e pourquoi faire ?
Pour être consulté sur : 
- le vote électronique 
- les modes d’actions contre la retraite pleine à 67 ans
- nos revendications pour les années à venir
- le contenu des professions de foi
- les accords signés ou refusés
- etc

Je souhaiterai que nos représentants-es puissent imaginer que nous pouvons avoir d’autres revendications que des augmentations de salaire. Qu’ils-elles soient conscients-es que nous pouvons espérer autre chose que : auto-boulot-dodo.

On pourrait imaginer des revendications du type : plus de temps libre, travailler moins vite pour vivre plus, la famille au centre de notre vie et non le travail, l’égalité des salaires entre les femmes et les hommes. Et quoi d’autre ? C’est à nous de décider, service par service, agence par agence, région par région.

Que pouvons-nous attendre alors des représentants-es et des syndicats ? Un soutien logistique (des salles de réunion, des transports, des photocopies de nos tracts, etc), un soutien juridique, une bibliothèque dans toutes les agences. Qu’ils-elles soulignent les idées qui nous rassemblent, plutôt que celles qui nous divisent. Qu’ils-elles mettent en place une démocratie directe. Qu’ils-elles préparent l’ère post-productiviste

Si vous vous reconnaissez dans cette profession de foi, votez pour elle.

Je vous encourage vivement dès aujourd’hui à vous organiser dans tous les services pour rédiger entre vous une liste de vos attentes par rapport à vos nouveaux représentants et la transmettre ensuite.

Je ne cherche pas à être élu. Je profite juste d’une opportunité pour communiquer avec le plus grand nombre.

Des questions ? Envie de discuter : Un courriel : Les.escargots.cauchois[at]gmail.com


 

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