Notre système économique a pour objectif de créer le plus d'activité possible. En effet, afin de maintenir une croissance élevée notre société est tombée dans une sorte de gesticulation économique sans autre objectif que ... cette gesticulation (ici, il n'est déjà plus question répondre aux besoins fondamentaux humains).

Cette opulence permet à notre société de se soustraire à un partage équitable des richesses ; l'excès permet de ne pas avoir à les gérer.
D'un autre coté, ce déficit de partage favorise l'aggravation de l'écart entre les riches et les pauvres ; les plus forts et les moins scrupuleux accaparant une trop grande partie des ressources.

Ce n'est pas un hasard si peu de gens remettent en cause la croissance. Des mécanismes sont en place pour nous faire consommer et pour nous conditionner au bien-fondé la croissance. Ce qui n'est pas sans effets secondaires néfastes sur notre vie quotidienne, nos rapports sociaux et sur nos modes de pensées. Cette analyse peut paraître paranoïaque, mais je ne le pense pas. En effet certaines aberrations qui ne trouvent pas d'explication par le bon sens, en trouvent toujours une à travers le filtre de "la croissance à tout prix".


Gesticulations et gaspillages

Il s'agit alors d'extraire les ressources naturelles de la terre, et de et les exploiter au maximum afin de créer le plus d'activité économique possibles. C'est pour cela qu'entre la matière première et le produit fini, il y a de plus en plus d'intermédiaires (excès de transports...), d'activités parallèles (suremballages, les services...) et de transformations (plats cuisinés...) qui viennent se greffer.
Remarquons que ces activités supplémentaires utilisent aussi des ressources : toutes création de richesse financière (money, money...) a nécessairement un coût en ressource planétaire (même les services, la spéculation, etc...).

Evidemment, cette attitude est trop consommatrice de matières premières. Surtout que beaucoup d'activités supplémentaires ne répondent pas aux besoins fondamentaux de l'homme. Ce sont donc des dépenses pour rien. Du gaspillage qui ne nous apporte rien de bon, même à court terme.

Notre système économique a un très mauvais rendement en terme de qualité de vie. Il suffit de regarder l'état des 80% de la population mondiale pour s'en rendre compte.

Il faut que notre société devienne plus sobre, et distribue plus intelligemment les ressources.


Mécanismes de conditionnement

Réfléchissons.
Parmi toutes les décisions privées que nous prenons, parmi toutes les décisions politiques locales, nationales ou internationales, quelle est la proportion de décisions qui n'ont pas pour critère principal "l'économie" ?

Aujourd'hui, presque tout doit se justifier par des raisons économiques.
Comment avons-nous intégré que nous étions au service de la croissance à ce point ?

Je tiens à préciser qu'il ne s'agit pas pour moi d'une théorie du "complot". Je n'accuse personne. Je crois que ce mécanisme s'est mis en place plus ou moins naturellement, et qu'il est le fruit d'une complicité ou d'une l'hystérie collective.

 

le P.I.B

Le Produit Intérieur Brut permet de mesurer l'activité économique.

D'accord, mais le mensonge est que le PIB est présenté comme un indice mesurant la qualité de la vie. Ainsi plus le PIB augmente, plus nous considérons que nous sommes heureux. L'inverse est collectivement intégré : pour être heureux, il est implicite qu'il faut augmenter le P.I.B.

Ce qui est faux ! En effet, toutes les activités participant à de la dégradation sont comptées positivement. Quelques exemples :
- épuration des eaux polluées,
- industrie liée aux traitement des déchets surabondants,
- médecine due à la malnutrition ou à la pollution,
- réparation des catastrophes industrielles,
- industrie des assurances, etc…

D'un autre coté, le P.I.B. renforce le matérialisme ambiant, puisqu'il est dit que c'est l'accumulation de richesses qui nous apportera le bonheur via la croissance.

Les hypermarchés

Les hypermarchés sont fascinants par leur taille, leurs lumières et leurs coté "divertissant".

Ils nous attirent aussi par leur prix qui rendent soi-disant la vie moins chère.
Effectivement, les produits de première nécessité (1) sont moins chers, mais en général le consommateur est incité à remplir son caddie de produits de divertissement (de dispersion). Il faut être très fort mentalement pour résister aux stratégies de tentations mises en place. Ceux qui n'ont pas les moyens financiers d'y succomber, seront invité à souscrire un crédit.

Endette toi si tu le veux, mais consomme !
C'est un ordre !

Et puis, il faut prendre la voiture pour aller dans les centres commerciaux. Ce n'est pas gratuit et sans conséquences écologiques.

Les hypermarchés sont donc générateur d'une grosse activité économique (donc peu économe pour nous et la planète). Ils sont aussi une illustration du mauvais partage des richesses, car ils sont destructeurs d'emplois.

(1) principalement l'industrie alimentaire :
les prix "bas" ont un coup social et écologique énorme

 

 

La publicité

La publicité est l'arme absolue de la croissance.

Son objectif est de nous faire acheter un maximum.
- Le but de l'agence de pub est de vendre un produit particulier
- La finalité du milieu publicitaire est surtout de nous conditionner à un mode de vie et de (dys)fonctionnement extrêmement matérialiste.

Le principe, très au point, est toujours le même : créer de la frustration, et proposer un produit qui répondra à ce besoin (cf analyse d'une pub).

Evidemment, si on achète le produit en question, la frustration n'est pas assouvie (puisqu'elle n'existait pas). Mais le plus fort, et le plus révoltant, c'est qu'à aucun moment nous sommes capables de remettre en cause le besoin et/ou le produit. Nous sommes même persuadés que nous n'avons pas assez utilisé le produit. Il en faut toujours plus.

Ainsi le message publicitaire est une machine à générer exponentiellement de l'insatisfaction. Pour générer une augmentation de la consommation, ce qui n'est pas sans effets secondaires négatifs.

Pour donner de la valeur aux besoins artificiels, la publicité use des rapprochements entre la solution matérielle et des valeurs spirituelles.
Ainsi, il n'est pas rare de voir le lien amoureux comparé au rendement d'un placement bancaire, par exemple. Cela permet de donner plus de valeur au placement bancaire.
Ainsi tout, absolument tout, est rabaissé au rang d'objet commercialisable. D'objet qui n'a qu'une valeur marchande.
Ces amalgames, participent activement à des confusions de valeurs.

De plus, comme nous subissons tous les mêmes messages publicitaires, nous sommes tous " libres " d'avoir les mêmes envies et désirs. Cette uniformisation des désirs et des modes de vie est frustrante pour la majeur partie de la société qui n'a pas les moyens financier d'y répondre (d'où les crédits). Tout cela participe à des troubles tels que la jalousie et l'agressivité, des pertes d'identité, etc…

Il faut à tout prix fuir la publicité. Même si certains peuvent y voir de la création et de l'esthétisme, aucun d'entres nous n'est vraiment à l'abri de ses messages. Autant se méfier, et les éviter comme la peste.

Les médias

Les médias véhiculent l'idéal de la croissance par l'intermédiaire des publicités, mais aussi par l'intermédiaire des émissions de divertissement (le juste prix), de reportage et d'informations.

"Les français n'ont pas confiance : ils consomment moins". C'est une phrase qu'on entend souvent, et que je comprends ainsi : en plus de répondre à nos (pseudos) frustrations, la consommation est aussi un symbole de confiance en soit. Et inversement : celui qui consomme prouve sa confiance, sa force. C'est valorisant de consommer.

 

"La croissance est en berne. Les Français ne consomment pas assez". Sans commentaire. Il est clair que celui qui refuse de consommer doit culpabiliser de ne pas participer au bien-être de la communauté.

"Il faut se battre contre la concurrence". Qui a décidé que la concurrence, c'était la guerre ? Qui a dit qu'il fallait tuer les concurrents ? Le divin ?

A ce point, c'est une invention : le langage guerriers utilisé met la pression pour nous pousser à la performance. La performance créera de l'activité économique, donc de la croissance.

Le contenu et la mise en scène des actualités produit de la peur, de la paranoïa et finalement du repli sur soi

- On nous demande de digérer des faits divers qui dépassent notre cadre de vie, et notre capacité d'assimilation : sentiment angoissant de ne plus rien contrôler.
- La présentation caricaturale des faits stigmatise et oppose des soi-disant groupes d'appartenance (sociaux, ethnique, culturels,...) les uns contre les autres (pour exemple cf. Charb' dans le Charlie Hebdo du 1er juin 2005).

Tout cela participe à un repli sur soi et à des frustrations qui préparent un terrain favorable aux messages publicitaires

Exemple d'abus du discours médiatique :
Doit-on dire "pollution à l'ozone en raison de la chaleur et de l'absence de vent" ou "pollution à l'oxyde de carbone due aux fumées d'échappement des véhicules à moteur et aux rejets industriels" ?


Aberrations qui trouvent leur explication dans la croissance

"Mon médecin,... il me soigne, mais ne me guérit pas" (dixit une amie).

Exemple de la santé publique :

J'ai entendu à la radio, en juin 2005, un économiste qui affirmait, du haut de ses certitudes, que les dépenses de santé devaient continuer à augmenter. Que c'était un objectif. Evidemment, cette augmentation ne pourrait pas être prise en charge par la collectivité (d'où la réforme de la sécu qui a juste consisté à répartir différemment les prises en charges des frais, sans les diminuer).

Voici comment j'ai interprété ses propos :
La médecine n'a pas pour objectif la bonne santé de la population. Elle est d'abord au service de la croissance. Il faut que nous consommions un maximum de médoc'. Pour cela vivons malades et de préférence le plus longtemps possible ! Mourrons vieux et d'une longue et triste maladie !
D'ailleurs, le progrès médical ne se mesure pas par un indice "d'état de santé des français". Il se mesure par "l'espérance de vie". Ce qui est différent.

Personnellement, je préfèrerais vivre et mourir en bonne santé, c'est-à-dire d'une "courte et rigolote maladie" (Pierre Desproges). Quitte à vivre moins longtemps.

D'accord, on parle parfois de préventions, mais rarement s'il elle risque de se faire au détriment de la croissance.
L'exemple de l'alimentation occidentale est manifeste : les fast-foods et l'industrie des plats préparés nous invitent à manger en 5 minutes. De plus cette nourriture, même si elle a un "goût" salée, est remplie de sucres rapides, donc elle s'assimile très vite. Rien de tel pour augmenter l'insatisfaction à l'issue d'un repas.
Objectif atteint : on mange encore, et encore, et encore, et on tombe malade.


Arrêtez-moi !

Arrêtez moi, sinon je pourrais citer de nombreux exemples qui nous conditionnent à la croissance, avec des effets secondaires fâcheux.

Les soldes, les jeux de hasard, l'aménagement du territoire (transports routiers privilégiés), l'assistance mécanisée à outrance (électroménagers, tondeuse motrice), le suremballage, l'instrumentalisation de la culture et de l'éducation, le sport spectacle médicalisé, etc.